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Une entreprise, c’est comme une mayonnaise

Une entreprise, c’est comme une mayonnaise

C’est une phrase qui peut faire sourire. Mais si vous avez déjà réussi — ou raté — une mayonnaise maison, vous savez à quel point cette analogie est pertinente.

Car faire une mayonnaise, ce n’est pas mélanger des ingrédients au hasard. C’est créer une émulsion. Une alchimie. Un tout complexe.

Et c’est exactement ce que vous construisez quand vous bâtissez une organisation humaine.

Pourquoi fait-on une mayonnaise ?

On ne se lève pas le matin en se disant : « Tiens, je vais faire une mayonnaise pour le plaisir ».

On la prépare parce qu’on a envie de quelque chose. Un plat spécifique. Une ambiance. Un repas. Une envie de sauce maison pour accompagner des crevettes, un sandwich, une salade.

Autrement dit : il y a un contexte, un usage, un désir.

C’est pareil dans une entreprise. On ne lance pas une organisation juste pour le geste. On crée une entreprise parce qu’on a une vision. Un cap. Une envie. Un rêve parfois, ou une révolte.

La mayonnaise, c’est l’organisation. Le plat, c’est le futur désiré.

Et dès le départ, tout se joue sur l’intention.

Une émulsion vivante, pas une recette figée

Pour réussir une mayonnaise, il faut quelques ingrédients clés :

  • De la moutarde
  • Un jaune d’œuf
  • De l’huile
  • Du vinaigre ou du citron
  • Du sel, du poivre
  • Et un peu de chaleur humaine (au sens propre comme au figuré)

Mais ce n’est pas tout : il faut que lémulsion prenne.

On ne peut pas prédire exactement ce moment magique où la sauce se transforme. Mais on le sent. C’est fluide, homogène, vivant.

L’entreprise, c’est pareil.

Vous pouvez recruter les meilleurs profils, mettre les meilleurs outils, définir les meilleures stratégies… Si le lien humain, la dynamique collective, la confiance ne prennent pas, rien ne fonctionne vraiment.

L’émulsion organisationnelle repose sur un ingrédient clé : l’intelligence collective.

C’est elle qui fait tenir l’ensemble. Qui transforme des individus en équipe. Qui permet de co-construire, de s’adapter, d’évoluer.

Vous ne pouvez pas retirer l’œuf d’une mayonnaise

Voici le point crucial.

Une fois que la mayonnaise est faite, vous ne pouvez plus retirer le jaune d’œuf. C’est mêlé, c’est fondu, c’est devenu un tout.

Et pourtant, dans de nombreuses entreprises, on agit comme si c’était possible :

  • On enlève un manager clé sans préparer le reste du système.
  • On réorganise un service sans prendre en compte les liens humains qu’il portait.
  • On change un outil sans consulter ceux qui l’utilisent.

C’est oublier que l’organisation est un ensemble vivant.

Ce n’est pas une machine où l’on remplace une pièce. C’est une sauce où chaque ingrédient influence la texture globale.

Quand vous retirez l’œuf, vous perdez le lien. Quand vous retirez une équipe, vous altérez l’identité.

Et à la fin, tout peut retomber.

Une mayonnaise peut évoluer, mais pas être déconstruite

L’intéressant avec la mayonnaise, c’est qu’elle est à la fois stable et évolutive.

Ajoutez de la crème, vous avez une sauce mousseline. Du ketchup ? Une sauce cocktail ou américaine. Un peu d’harissa ? Une base pour des plats nord-africains.

Mais à aucun moment vous ne défaites la mayonnaise.

Vous l’étendez. Vous la transformez. Vous la réinterprétez. Mais toujours à partir de son équilibre initial.

Les organisations qui réussissent à durer sont celles qui comprennent cette logique :

On ne casse pas tout pour repartir de zéro.
On fait évoluer l’équilibre collectif, en conscience.

L’intelligence collective, ingrédient invisible mais vital

On parle souvent de vision, de stratégie, d’offre.
Mais ce qu’on sous-estime, c’est la manière dont les gens travaillent ensemble.

L’intelligence collective n’est pas un « plus ».
C’est le socle. C’est ce qui permet à une organisation de réagir, d’innover, d’apprendre.

Une mayonnaise sans liant, c’est de l’huile sur un jaune. Une entreprise sans intelligence collective, c’est une juxtaposition de talents, sans synergie.

Et ce n’est pas en ajoutant des outils que ça changera. Ce n’est pas non plus en « motivant » artificiellement.

Ce qui change tout, c’est de recréer les bonnes conditions :

  • Une vision partagée
  • Des rituels d’écoute
  • Des espaces de débat
  • Une posture de facilitateur chez les managers

En conclusion : attention à ne pas la faire « tourner »

Il y a un dernier détail culinaire à ne pas oublier.

Une mayonnaise, ça peut tourner.

Trop froide, trop brusque, mal émulsionnée : et elle se désagrège. C’est pareil dans les organisations. Quand on oublie l’équilibre. Quand on impose trop vite. Quand on change trop sans sens.

La sauce ne prend plus.

Alors avant de réorganiser, posez-vous cette question simple : Pourquoi avons-nous préparé cette mayonnaise ? Pour qui ? Avec qui ? Pour quoi faire ?

Parce qu’une entreprise, ce n’est pas juste des process et des rôles. C’est un mélange vivant, équilibré, intelligent.

Et quand c’est bien fait, c’est savoureux.

Et si on reprenait votre mayonnaise avant qu’elle ne tourne ?

Vous sentez que l’émulsion collective est fragile ?
Que malgré les bons ingrédients, la sauce ne prend pas ?
Et si, au lieu de tout changer, on apprenait à faire monter la mayonnaise… autrement ?

Je vous propose un échange de 30 minutes, sans engagement, pour faire le point.
On parlera de votre dynamique actuelle, des ingrédients déjà là… et de ce qu’il manque pour retrouver un équilibre vivant et durable.

À l’issue de notre échange, je vous transmettrai un plan d’action personnalisé, pour recréer du liant, du mouvement, et surtout : du sens.

Parce qu’une entreprise qui fonctionne, c’est plus qu’un organigramme.
C’est une mayonnaise qui a pris.

PS : Merci Laurent pour cet échange inspirant. J’aurais pu devenir chef cuistot. Finalement, je monte des sauces collectives. Et je fais lever des organisations.

❓ FAQ – Organisation & intelligence collective : ce que révèle la mayonnaise

L’analogie avec la mayonnaise est parlante, mais comment la traduire concrètement dans l’entreprise ?

Chaque ingrédient représente un élément fondamental : la vision (le plat à atteindre), les personnes (les ingrédients), l’intelligence collective (le liant). Concrètement, cela se traduit par des espaces d’écoute, de co-construction et d’ajustement collectif — et non des décisions descendantes et isolées.

Peut-on vraiment réorganiser sans “casser” l’équilibre existant ?

Oui, à condition de respecter le système en place. Toute transformation durable doit s’appuyer sur ce qui existe déjà : les liens, les valeurs, les dynamiques. On ne déconstruit pas une mayonnaise. On la fait évoluer. C’est une logique d’enrichissement, pas de rupture brutale.

Pourquoi l’intelligence collective est-elle si centrale dans l’analogie ?

Parce qu’elle agit comme l’émulsion invisible. C’est ce qui transforme une somme d’individus en un corps collectif fluide. Sans elle, vous avez des talents isolés, des silos, des résistances. Avec elle, vous avez du mouvement, de l’apprentissage et de l’impact partagé.

Que se passe-t-il quand une “mayonnaise organisationnelle” tourne ?

Cela peut se manifester par une perte de sens, de confiance, ou de lien. L’ambiance se crispe, les décisions deviennent mécaniques, les collaborateurs décrochent. Il faut alors recréer du lien, redonner une intention claire, et réparer les ruptures de fluidité collective.

Comment savoir si “la sauce a pris” dans mon entreprise ?

Observez : les équipes coopèrent spontanément, les tensions sont traitées sans cristallisation, les décisions se prennent avec clarté, et chacun se sent contributeur au projet commun. Quand l’émulsion fonctionne, l’organisation devient vivante — et savoureuse.

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Renforcer la confiance entre dirigeants et collaborateurs : le mode d’emploi

La confiance n’est pas un prérequis. C’est une conséquence.

À chaque fois que j’interviens dans une organisation en crise ou en tension, la même phrase finit par sortir :

« Le vrai problème, c’est qu’on n’a plus confiance. »

Et pourtant, la confiance ne se décrète pas. Elle ne se construit pas en team building, ni en grand-messe d’entreprise. Elle se tisse dans les petits gestes du quotidien.

Alors comment faire, concrètement, pour renforcer la confiance entre dirigeants et collaborateurs ?

Voici 6 leviers puissants que j’observe sur le terrain, chez celles et ceux qui parviennent à restaurer une dynamique saine.

1. Distinguer transparence et sincérité

Beaucoup de dirigeants pensent que « jouer la carte de la transparence » suffit. Mais la transparence n’est pas la même chose que la sincérité.

  • La transparence : partager l’information factuelle.
  • La sincérité : dire ce que vous ressentez, ce qui vous interroge, ce que vous traversez.

Les collaborateurs veulent voir des humains, pas des porte-paroles. Osez dire quand vous hésitez, quand vous apprenez, quand vous doutez. C’est ça qui donne envie de suivre.

2. Multiplier les lieux d’écoute, pas seulement les lieux d’information

Trop souvent, la communication interne est descendante : réunions, newsletters, annonces officielles. Mais à quand remonte la dernière fois que vous avez juste écouté, sans agenda caché, sans plan d’action à valider ?

Organisez des « cercles d’écoute », des « cafés sans slides », des « temps pour rien ». Donnez un cadre, écoutez vraiment, notez ce qui vous touche. Et surtout : remerciez pour les paroles courageuses.

3. Donnez de la visibilité aux arbitrages

Un collaborateur peut comprendre une décision difficile. Ce qu’il ne supporte pas, c’est ne pas savoir comment elle a été prise.

Expliquez les étapes, les tensions internes, les dilemmes. Rendez visibles les arbitrages : ce à quoi vous avez renoncé, ce que vous avez priorisé, pourquoi.

Ce n’est pas une faiblesse. C’est de la clarté opérationnelle et relationnelle.

4. Tenez vos micro-promesses

Rien n’érode plus la confiance que les petites promesses oubliées :

  • « Je te fais un retour demain »
  • « On en reparle la semaine prochaine »
  • « Je vais transmettre ta demande »

Tenez-les. Ou excusez-vous. Parce que chaque engagement non tenu devient une preuve silencieuse que votre parole ne vaut pas grand-chose.

5. Acceptez les vérités de l’autre

Il n’y a pas UNE vérité. Il y a des vécus différents.

Quand un collaborateur vous dit :

« On ne se sent pas écoutés. »

La tentation est grande de répondre :

« Mais si, on fait plein de trucs. »

Stop. Ce qu’il dit, c’est ce qu’il ressent. Et ce ressenti est légitime, même s’il ne correspond pas à votre intention.

Accueillez. Clarifiez. Reformulez.

C’est en reconnaissant les angles morts qu’on regagne du terrain commun.

6. Créez des moments d’humanité partagée

Une confiance solide, c’est une confiance qui ne repose pas que sur la performance.

Créez des moments où l’on se retrouve en tant que personnes. Pas en tant que fonctions.

  • Un tour de gratitude mensuel
  • Un « spa relationnel » (voir notre article sur les Codir)
  • Une question à poser en début de réunion : « Quel mot résume votre semaine ? »

Ce sont ces instants-là qui reconstruisent les bases d’un climat relationnel sain.

En conclusion

Renforcer la confiance entre dirigeants et collaborateurs n’est pas un projet. C’est une posture. Une attention. Une somme de micro-choix.

Vous voulez remettre du lien dans vos collectifs, sans poudre aux yeux ni recettes toutes faites ?

Chez Insuffle, on conçoit des accompagnements humains, pragmatiques et puissants pour rebâtir une confiance sincère entre les équipes et leur direction.

Et si on reprenait, ensemble, le fil de la confiance ?

Vous sentez que le lien s’est distendu ? Que les paroles sont plus prudentes, les échanges moins vrais, les gestes moins confiants ?
Et si la confiance ne se décrétait pas… mais se retissait, pas à pas ?

Je vous propose un échange de 30 minutes, sans engagement, pour faire le point.
On parlera de vos ressentis, de vos signaux faibles, et de ce qu’il est encore possible de reconstruire, avec vos équipes.

À l’issue de cet échange, je vous transmettrai un plan d’action personnalisé, simple, réaliste, et profondément humain, pour remettre de la confiance dans les relations, et pas seulement dans les intentions.

Parce que la confiance n’est pas un bonus.
C’est ce qui rend tout le reste possible.

❓ FAQ – Restaurer la confiance en entreprise : les 5 questions à se poser

Peut-on vraiment reconstruire la confiance une fois qu’elle est abîmée ?

Oui. Mais pas par des discours. Par des actes répétés, cohérents, concrets. La confiance ne revient pas d’un coup — elle se regagne à petits pas, à travers la sincérité, l’écoute, et la tenue des engagements.

Quelle est la différence entre transparence et sincérité dans le leadership ?

La transparence consiste à partager des informations. La sincérité consiste à partager un vécu, une vulnérabilité, une posture humaine. C’est ce qui fait toute la différence dans une relation de confiance.

Faut-il forcément tout dire pour créer un climat de confiance ?

Non. Il ne s’agit pas de tout dévoiler, mais de dire l’essentiel avec honnêteté. Il vaut mieux une parole partielle mais sincère qu’un excès de transparence froide et impersonnelle.

Comment réagir face à des ressentis qui nous semblent injustes ou infondés ?

Les ressentis ne se discutent pas — ils s’écoutent. Accueillir la perception de l’autre, même quand elle ne reflète pas votre intention, est un geste clé pour reconstruire un lien de confiance.

Est-ce que la confiance peut être “outillée” dans les rituels d’équipe ?

Oui. Des pratiques simples (question d’ouverture, tour de gratitude, reconnaissance mutuelle) créent un climat propice à l’expression sincère et à l’écoute. Ce sont ces petits rituels qui changent l’ambiance, au fil du temps.

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Gérer les tensions au sein du Codir : 5 astuces pratiques pour apaiser les conflits

Un Codir tendu n’est pas un Codir en désaccord. C’est un Codir qui n’ose plus se dire les choses.

Le mot « conflit » fait peur. On le confond trop souvent avec « tension ». Et pourtant, les tensions sont naturelles, parfois même salutaires.

Ce qui les rend toxiques, c’est le non-dit. L’accumulation. Le vernis d’harmonie qui masque les évitements.

Dans les Codir que j’accompagne, j’observe régulièrement ce phénomène :

Des sujets évités. Des discussions jamais vraiment closes. Des réactions feutrées mais des frustrations très réelles.

Alors comment restaurer un espace de travail sérieux, exigeant, et serein ?

Voici 5 astuces à tester pour évacuer les tensions, rétablir le dialogue et reposer les bases d’une vraie confiance.

1. Distinguer conflit et tension pour mieux poser le cadre

Un conflit, c’est ouvert, explicite, argumenté. Une tension, c’est implicite, larvée, inconfortable.

La plupart des Codir n’ont pas trop de conflits. Ils ont trop de tensions.

La première clé, c’est donc de créer un cadre sûr pour que les tensions deviennent des discussions à haut potentiel :

  • Poser des règles de discussion claires (respect, écoute, non-interruption)
  • Différencier les faits, les perceptions et les émotions
  • Nommer les tensions sans accuser

Ce qu’on ne dit pas finit par nous diriger.

2. Provoquer les bonnes questions, pas imposer des réponses

Quand le climat est tendu, le pire réflexe, c’est de vouloir « remettre de l’ordre » trop vite.

Ce qu’il faut, c’est poser les bonnes questions :

  • Qu’est-ce qu’on évite de se dire en ce moment ?
  • Quelle discussion repousse-t-on depuis trop longtemps ?
  • Qu’est-ce qui m’a surpris, gêné ou agacé récemment dans nos échanges ?

Ces questions, posées dans un cadre sécurisé, permettent d’ouvrir les fenêtres et d’aérer l’ambiance.

Pas pour faire joli. Pour retrouver du flux.

3. Changer le cadre physique (vraiment)

Ce n’est pas anecdotique : le lieu, l’espace, la disposition comptent.

Réunir un Codir autour d’une grande table carrée, chacun derrière son PC, c’est l’assurance de discussions segmentées, d’écoute partielle, et de prises de position plus que d’échanges.

Inversez la posture :

  • Cercle sans table
  • Zéro écran
  • Carnets, crayons, post-it

Ce simple changement de forme peut radicalement changer le fond.

4. Testez la méthode du « spa collectif »

Une fois de temps en temps, offrez un moment d’émotion positive collective.

Voici une technique puissante que j’utilise souvent :

Chacun s’assied en cercle, et à tour de rôle, une personne se met au centre, dos tourné. Les autres ont 1 minute pour dire ce qu’ils apprécient chez elle, ce qu’elle apporte, ce qu’ils aimeraient qu’elle sache. Elle n’a pas le droit de réagir. Juste d’écouter.

Les effets sont immédiats :

  • Décrispation
  • Reconnaissance mutuelle
  • Reconnexion humaine

Un peu de vulnérabilité sincère peut faire bien plus que dix comités de pilotage.

5. Faites-vous accompagner par un facilitateur

Non, ce n’est pas un luxe. C’est un levier puissant.

Un facilitateur professionnel permet de :

  • poser un cadre neutre et sécurisé
  • faire émerger les tensions cachées
  • structurer des discussions productives
  • remettre du liant, sans complaisance

Paradoxalement, les Codir les plus brillants sont parfois ceux qui s’écoutent le moins. Parce qu’ils vont trop vite. Parce qu’ils croient qu’ils n’en ont pas besoin.

Mais un bon Codir, c’est d’abord un lieu de confiance, pas un lieu de performance.

Et la confiance, ça se travaille.

En conclusion

Gérer les tensions dans un Codir, ce n’est pas les éviter. C’est les transformer en dialogue, en apprentissage, en clarté.

Les entreprises qui avancent ne sont pas celles où tout va bien. Ce sont celles qui osent mettre les vrais sujets sur la table.

Vous sentez que votre Codir est tendu, éteint, ou bloqué ?

Et si on prenait 3 heures, juste pour ouvrir les fenêtres, remettre du flux et du lien ?

Chez Insuffle, on conçoit et facilite des sessions spéciales Codir pour apaiser les tensions et relancer la dynamique collective.

Un Codir tendu n’est pas un Codir en désaccord. C’est un Codir qui n’ose plus se dire les choses.

Le mot « conflit » fait peur. On le confond trop souvent avec « tension ». Et pourtant, les tensions sont naturelles, parfois même salutaires.

Ce qui les rend toxiques, c’est le non-dit. L’accumulation. Le vernis d’harmonie qui masque les évitements.

Dans les Codir que j’accompagne, j’observe régulièrement ce phénomène :

Des sujets évités. Des discussions jamais vraiment closes. Des réactions feutrées mais des frustrations très réelles.

Alors comment restaurer un espace de travail sérieux, exigeant, et serein ?

Voici 5 astuces à tester pour évacuer les tensions, rétablir le dialogue et reposer les bases d’une vraie confiance.

1. Distinguer conflit et tension pour mieux poser le cadre

Un conflit, c’est ouvert, explicite, argumenté. Une tension, c’est implicite, larvée, inconfortable.

La plupart des Codir n’ont pas trop de conflits. Ils ont trop de tensions.

La première clé, c’est donc de créer un cadre sûr pour que les tensions deviennent des discussions à haut potentiel :

  • Poser des règles de discussion claires (respect, écoute, non-interruption)
  • Différencier les faits, les perceptions et les émotions
  • Nommer les tensions sans accuser

Ce qu’on ne dit pas finit par nous diriger.

2. Provoquer les bonnes questions, pas imposer des réponses

Quand le climat est tendu, le pire réflexe, c’est de vouloir « remettre de l’ordre » trop vite.

Ce qu’il faut, c’est poser les bonnes questions :

  • Qu’est-ce qu’on évite de se dire en ce moment ?
  • Quelle discussion repousse-t-on depuis trop longtemps ?
  • Qu’est-ce qui m’a surpris, gêné ou agacé récemment dans nos échanges ?

Ces questions, posées dans un cadre sécurisé, permettent d’ouvrir les fenêtres et d’aérer l’ambiance.

Pas pour faire joli. Pour retrouver du flux.3. Changer le cadre physique (vraiment)

Ce n’est pas anecdotique : le lieu, l’espace, la disposition comptent.

Réunir un Codir autour d’une grande table carrée, chacun derrière son PC, c’est l’assurance de discussions segmentées, d’écoute partielle, et de prises de position plus que d’échanges.

Inversez la posture :

  • Cercle sans table
  • Zéro écran
  • Carnets, crayons, post-it

Ce simple changement de forme peut radicalement changer le fond.


4. Testez la méthode du « spa collectif »

Une fois de temps en temps, offrez un moment d’émotion positive collective.

Voici une technique puissante que j’utilise souvent :

Chacun s’assied en cercle, et à tour de rôle, une personne se met au centre, dos tourné. Les autres ont 1 minute pour dire ce qu’ils apprécient chez elle, ce qu’elle apporte, ce qu’ils aimeraient qu’elle sache. Elle n’a pas le droit de réagir. Juste d’écouter.

Les effets sont immédiats :

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Ce n’est pas une projection. C’est votre Futur Désiré. Et il est à votre portée.

5. Faites-vous accompagner par un facilitateur

Non, ce n’est pas un luxe. C’est un levier puissant.

Un facilitateur professionnel permet de :

  • poser un cadre neutre et sécurisé
  • faire émerger les tensions cachées
  • structurer des discussions productives
  • remettre du liant, sans complaisance

Paradoxalement, les Codir les plus brillants sont parfois ceux qui s’écoutent le moins. Parce qu’ils vont trop vite. Parce qu’ils croient qu’ils n’en ont pas besoin.

Mais un bon Codir, c’est d’abord un lieu de confiance, pas un lieu de performance.

Et la confiance, ça se travaille.

En conclusion

Gérer les tensions dans un Codir, ce n’est pas les éviter. C’est les transformer en dialogue, en apprentissage, en clarté.

Les entreprises qui avancent ne sont pas celles où tout va bien. Ce sont celles qui osent mettre les vrais sujets sur la table.

Vous sentez que votre Codir est tendu, éteint, ou bloqué ?

Et si on prenait 3 heures, juste pour ouvrir les fenêtres, remettre du flux et du lien ?

Chez Insuffle, on conçoit et facilite des sessions spéciales Codir pour apaiser les tensions et relancer la dynamique collective.

Et si on ouvrait les fenêtres, vraiment ?

Vous sentez que les tensions s’accumulent sans jamais vraiment se dire ?
Que votre CoDir fonctionne… mais que quelque chose s’est figé dans les échanges, dans les postures, dans le lien ?

Je vous propose un échange de 30 minutes, sans engagement, pour faire le point ensemble.
On identifiera ce qui mérite d’être nommé, apaisé, remis en circulation. Et comment structurer un espace sécurisé pour relancer le dialogue.

À l’issue de cet échange, je vous transmettrai un plan d’action personnalisé, pour transformer votre CoDir en un vrai lieu de confiance, de clarté… et de mouvement partagé.

Parce qu’un bon CoDir ne cache pas les tensions.
Il apprend à les traverser.

❓ FAQ – Tensions en Codir : 7 questions fréquentes (et utiles)

Comment savoir si mon Codir est simplement “tendu” ou s’il y a un vrai conflit ?

Un conflit se voit, une tension se ressent. Si les échanges deviennent feutrés, que certains sujets reviennent sans être tranchés, que l’ambiance est polie mais froide… ce sont des signes d’un Codir tendu. Ce n’est pas grave. Ce qui compte, c’est de le traiter.

Est-ce normal d’avoir des tensions dans un comité de direction ?

Oui, totalement. Un Codir sans tension, c’est souvent un Codir qui évite les vrais sujets. La question n’est pas “faut-il éviter les tensions ?” mais “comment en faire des leviers de dialogue et de clarté ?”.

Et si certaines personnes ne veulent pas “jouer le jeu” ?

C’est fréquent. Il faut commencer petit, installer un cadre de sécurité, et montrer que parler vrai ne remet pas en cause la légitimité de chacun. Avec le bon accompagnement, même les plus réticents se laissent embarquer.

Est-ce qu’un changement de lieu ou de format change vraiment quelque chose ?

Oui. L’environnement influence la posture. Un cercle sans table, sans écran, avec des outils simples favorise une posture d’écoute, d’égalité, et de présence. C’est souvent le premier pas vers un Codir plus fluide.

Pourquoi faire appel à un facilitateur externe ?

Parce qu’il n’a pas d’enjeu politique. Il peut poser les questions qui dérangent, faire émerger les tensions sans les envenimer, et maintenir un cadre de confiance. C’est un déclencheur neutre, pas un juge.

Combien de temps faut-il pour débloquer un Codir ?

Parfois, 3 heures suffisent à rouvrir les fenêtres et réengager une dynamique. Ce qui compte, c’est de créer un temps fort où chacun peut s’exprimer sincèrement, sans pression de performance.

Est-ce que ça vaut vraiment le coup, si on “fonctionne quand même” ?

Oui. Un Codir qui fonctionne sous tension consomme énormément d’énergie invisible. En rétablissant la confiance, on gagne en fluidité, en qualité décisionnelle, et en engagement collectif.

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Qu’est-ce qu’une réunion CoDir ? Objectifs, pièges, et comment en faire un vrai levier de transformation

À première vue, une réunion CoDir, c’est simple.

Un comité de direction se retrouve régulièrement pour piloter l’activité de l’entreprise.
On échange sur les indicateurs, on arbitre des sujets transverses, on partage des infos stratégiques.

Mais dans les faits ?
Trop de réunions CoDir tournent à vide.
Et deviennent, au mieux, un moment de mise à jour descendante. Au pire, un théâtre de faux-consensus et de décisions jamais appliquées.

Alors que pourrait être une réunion CoDir, si elle était vraiment bien utilisée ?
Un espace d’alignement profond.
Un laboratoire d’intelligence collective.
Un levier de transformation, pour de vrai.

Voici comment transformer vos réunions CoDir en leviers puissants de pilotage, d’engagement… et de réinvention.

C’est quoi une réunion CoDir (et pourquoi c’est si important) ?

Une réunion CoDir, c’est le temps où se réunit le comité de direction d’une entreprise : le directeur général, les membres du COMEX, les directeurs de pôles (RH, finance, opérations, IT, commerce…).
Elle a lieu en général toutes les semaines, tous les 15 jours ou tous les mois, selon la taille de l’organisation.

C’est un moment :

  • de pilotage stratégique
  • d’arbitrage collectif
  • de communication transversale
  • et parfois, de régulation des tensions internes

Mais trop souvent, ce moment devient une succession d’ordres du jour techniques et de sujets qu’on traite à moitié, faute de temps, faute d’écoute, ou faute d’alignement.

Les grands échecs classiques d’une réunion CoDir

1. On parle du terrain… mais on ne le vit pas

C’est sans doute l’écueil le plus courant.
On commente des chiffres. On analyse des situations.
Mais personne autour de la table ne vit réellement ce qui se passe sur le terrain.

Résultat ?
Des décisions hors-sol.
Des incompréhensions.
Et des plans d’action qui ne rencontrent jamais la réalité.

Ce qu’on peut faire ?
→ Inviter régulièrement un salarié terrain, un responsable d’agence, un chef d’équipe, un client interne
→ Organiser un point mensuel “remontée terrain” : pas un reporting, mais un partage vécu
→ Faire vivre une immersion croisée : un membre du CoDir accompagne un salarié sur une journée

2. On parle beaucoup… mais on ne décide pas

Des réunions CoDir où “on a bien échangé”… mais où rien n’a bougé ?
Ça arrive (trop) souvent.

Pourquoi ? Parce que :

  • Le cadre décisionnel est flou
  • On confond débat et consensus
  • On ne tranche pas sur les vrais sujets
  • On n’ose pas affronter les désaccords

Résultat : les projets piétinent, les collaborateurs s’impatientent, et le CoDir devient un “moulin à slides”.

3. On confond coordination et transformation

La réunion CoDir devient un lieu de synchronisation : “qui fait quoi, où en est-on, qui relance qui…”
Mais pas un lieu de vision.
Pas un espace de mise en mouvement.

Or, le rôle d’un comité de direction, ce n’est pas de suivre.
C’est de projeter.
D’aligner.
De créer les conditions du futur.

Comment transformer vos réunions CoDir : 6 leviers concrets

1. Clarifiez l’intention de chaque réunion

Chaque CoDir ne doit pas servir à tout faire.
→ Une réunion de coordination n’est pas une réunion stratégique
→ Une réunion de crise n’est pas un temps de vision
→ Une revue de projet n’est pas un espace de transformation

Posez une intention claire en début de séance.
Et ajustez le format en fonction.

2. Mettez en scène le réel

Les slides ne suffisent pas.
Le terrain doit entrer dans la salle.

→ Témoignage d’un salarié
→ Retour d’expérience d’un manager de proximité
→ Extrait audio d’un client insatisfait
→ Analyse brute d’un irritant remonté du terrain

C’est ça qui ré-ancre le collectif dans sa mission réelle.

3. Donnez une place à la parole divergente

Ce n’est pas dans les réunions où tout le monde est d’accord qu’on avance.
C’est quand quelqu’un ose dire “je ne suis pas convaincu” — et qu’on l’écoute.

Créez un espace pour la divergence constructive.
→ Qui va poser la question qui dérange ?
→ Qui va représenter la position terrain ?
→ Qui va formuler le “non-dit” de la salle ?

Un CoDir sans tension est souvent un CoDir anesthésié.

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Ce n’est pas une projection. C’est votre Futur Désiré. Et il est à votre portée.

Et si vous faisiez appel à un facilitateur en réunion CoDir ?

Dans de nombreuses entreprises que j’accompagne, la réunion CoDir devient enfin utile quand elle est… facilitée.

Pas animée. Pas dirigée.
Facilitée.

Pourquoi faire appel à un facilitateur externe ?

✅ Pour structurer le temps, canaliser les échanges, cadrer les séquences
✅ Pour créer un espace de parole plus ouvert, moins auto-censuré
✅ Pour faire émerger des tensions productives sans cristalliser les conflits
✅ Pour aider à poser les bonnes questions (pas seulement répondre aux mauvaises)
✅ Pour accélérer la prise de décision
✅ Pour réancrer la réunion dans la réalité vécue, et pas seulement dans la posture

Un facilitateur n’est ni consultant, ni décideur, ni coach.
C’est un activateur d’intelligence collective.

Il ne vous dit pas quoi faire.
Mais il crée les conditions pour que le meilleur de votre collectif émerge.

Bonus : les 4 ingrédients d’un CoDir transformant

  1. Une vision claire, partagée, projetée
  2. Une écoute réelle des signaux faibles (terrain, irritants, frictions)
  3. Un cadre de décision explicite (qui décide quoi, quand, comment)
  4. Un climat de confiance, mais pas de complaisance

En résumé

Une réunion CoDir peut être une perte de temps…
Ou un levier stratégique majeur.

Tout dépend : – de la posture des participants
– du lien réel avec le terrain
– de la clarté du cap
– et de la qualité du dialogue

Et parfois, pour que ce dialogue redevienne fertile, il suffit d’une chose simple :
👉 Inviter d’autres voix dans la salle
👉 Et changer sa propre posture : de dirigeant… à facilitateur de mouvement

Et si vous testiez une facilitation CoDir pour faire de votre prochaine réunion un vrai tournant ?

Je propose un format court, intense, sur-mesure, pour transformer vos comités de direction en moteurs collectifs.
Clarté. Vérité. Alignement. Action.

Et si votre prochaine réunion CoDir devenait un tournant stratégique ?

Vous sentez que vos réunions tournent en rond, que les vraies décisions peinent à émerger, ou que le terrain reste trop loin de la table ?
Et si on changeait le cadre — pour libérer enfin l’intelligence collective du comité de direction ?

Je vous propose un échange de 30 minutes pour en parler.
On fera le point sur vos rituels actuels, vos freins, vos objectifs… et comment faire de vos CoDir un espace de clarté, d’alignement et de mouvement.

À l’issue de cet échange, je vous enverrai un plan d’action sur-mesure, pour faire évoluer vos réunions vers plus de vérité, d’efficacité… et d’impact collectif.

Parce qu’un bon CoDir ne parle pas mieux.
Il agit mieux. Ensemble.

Réunions CoDir : questions fréquentes pour passer à l’action

Ma réunion CoDir fonctionne déjà “correctement”. Pourquoi faire appel à un facilitateur ?

Parce qu’un CoDir “correct” n’est pas forcément transformant. La facilitation ne sert pas à régler des conflits, mais à amplifier l’impact stratégique du collectif : clarté, décisions assumées, alignement durable.

Est-ce que la facilitation ne ralentit pas la prise de décision ?

C’est l’inverse. Un facilitateur aide à trier, cadrer, formuler les désaccords. Résultat : moins de flou, plus de décisions prises sur les vrais sujets, et surtout… suivies d’effets.

Qui peut être invité ponctuellement dans une réunion CoDir pour reconnecter avec le terrain ?

Un chef d’équipe, un salarié de première ligne, un client interne, un responsable qualité, un ancien collaborateur… L’idée est d’incarner le réel, pas de commenter un PowerPoint.

Est-ce que chaque réunion CoDir doit être facilitée ?

Non. Mais une ou deux réunions clés par an, animées différemment, peuvent profondément rebooster la dynamique de votre comité. Notamment en période de transformation, de crise, ou de recentrage stratégique.

Et si certains membres du CoDir n’adhèrent pas à l’idée ?

C’est fréquent… au début. Mais une fois qu’ils découvrent la puissance d’un espace bien cadré, où les tensions peuvent s’exprimer sans exploser, les résistances tombent d’elles-mêmes. Le résultat parle.

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Quand les processus tuent l’entreprise : 5 pièges et 3 solutions

Vous l’avez sans doute déjà vécu.

Une idée brillante émerge au sein de votre équipe. Un élan d’enthousiasme. Une vision claire de ce qui pourrait être.

Puis arrive la question fatidique : « Quel processus allons-nous mettre en place pour cela ? »

Et c’est là que tout commence à se figer. L’énergie s’évapore. L’idée, autrefois vivante et dynamique, se retrouve disséquée, standardisée, emprisonnée dans un diagramme de flux ou une méthodologie rigide.

Bienvenue dans le paradoxe moderne des organisations : nous créons des processus pour gagner en efficacité, mais ces mêmes processus finissent par nous asphyxier.

Après avoir accompagné de nombreuses organisations dans leur transformation, j’ai identifié pourquoi et comment les processus, censés nous aider, finissent souvent par nous tuer à petit feu.

Le premier piège : confondre intentions et objectifs

La cascade mortelle de l’imprécision

Tout commence par une confusion fondamentale que j’observe dans la plupart des organisations : nous prenons des intentions vagues pour des objectifs clairs.

« Améliorer l’expérience client. » « Devenir plus agile. » « Optimiser notre efficacité opérationnelle. »

Ce ne sont pas des objectifs. Ce sont des intentions. Des directions générales. Des souhaits.

Pourtant, c’est sur ces fondations fragiles que nous bâtissons nos processus.

Une histoire révélatrice : j’accompagnais récemment une entreprise qui avait déployé un processus complexe d’amélioration de « l’expérience client ». Six mois et des centaines d’heures de travail plus tard, personne ne pouvait me dire ce que signifiait concrètement « améliorer l’expérience client » pour eux. Quel niveau d’amélioration ? Sur quels aspects spécifiques ? Comment le mesurer ?

Le processus tournait à vide, car il n’avait jamais été ancré dans un objectif précis. Juste une intention généreuse mais vague.

La conséquence ? Des processus qui s’auto-justifient, qui deviennent leur propre raison d’être, déconnectés de tout impact réel sur l’organisation.

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Le deuxième piège : l’absence de futur désiré

Quand le processus devient le but

Dans cette confusion entre intentions et objectifs, quelque chose de fondamental disparaît : le désir collectif d’un futur précis.

Les processus nous font oublier une question essentielle : « Que voulons-nous vraiment créer ensemble ? »

C’est comme construire méticuleusement une route sans jamais définir la destination.

J’ai observé ce phénomène dans une entreprise technologique qui avait déployé une méthodologie agile extrêmement sophistiquée. Leurs processus Scrum étaient impeccables. Leurs revues, leurs retrospectives, leurs planifications – tout était exécuté avec une précision d’horloger.

Mais quand j’ai posé la question du « pourquoi » – quelle vision collective ces processus servaient-ils – j’ai rencontré des regards vides. Ils avaient tellement investi dans le « comment » qu’ils avaient perdu le « pourquoi ».

Le paradoxe stupéfiant : plus nous nous concentrons sur les processus, plus nous risquons de perdre de vue ce qui compte vraiment.

L’élément contre-intuitif : les organisations les plus performantes que j’ai accompagnées ne commencent jamais par les processus. Elles commencent par créer un désir collectif puissant pour un futur spécifique. Les processus viennent ensuite, comme des serviteurs de cette vision, non comme des maîtres.

Le troisième piège : des processus centrés sur les actions, non sur le travail réel

L’illusion du contrôle par la standardisation

Le problème s’aggrave quand nous créons des processus focalisés sur des séquences d’actions plutôt que sur la façon dont le travail s’accomplit réellement.

En d’autres termes : nous confondons la carte avec le territoire.

Voici une révélation qui dérange : dans mon expérience, il existe toujours un écart entre le travail tel qu’il est prescrit (le processus officiel) et le travail tel qu’il est réellement effectué (les pratiques quotidiennes).

Un exemple frappant : j’ai travaillé avec une entreprise industrielle qui avait un processus d’assurance qualité extrêmement détaillé. Sur le papier, c’était parfait. Dans la réalité, j’ai découvert que les opérateurs avaient développé leurs propres méthodes officieuses – non pas par insubordination, mais parce que le processus officiel était déconnecté des réalités du terrain.

Le plus troublant ? Leurs méthodes officieuses fonctionnaient mieux que le processus officiel.

La vérité inconfortable : plus nous rigidifions les processus, plus nous créons un fossé entre le travail prescrit et le travail réel. Ce fossé devient une zone de friction constante, d’inefficacité chronique, de désengagement silencieux.

Le quatrième piège : la perte de l’intelligence de situation

Quand l’application du processus remplace le discernement

C’est peut-être le piège le plus subtil et le plus dangereux : à force de suivre des processus, nous perdons notre capacité à analyser les situations dans leur singularité.

L’intelligence de situation – cette capacité à percevoir ce qui est unique dans un contexte particulier et à y répondre de façon adaptée – s’atrophie.

J’ai assisté à ce phénomène dans une institution financière où un conseiller a été réprimandé pour avoir enfreint le processus standard… alors même que son adaptation avait sauvé une relation client majeure.

Le message implicite était clair : l’adhérence au processus était plus importante que le résultat.

Le paradoxe qui tue l’innovation : dans un monde de plus en plus complexe et imprévisible, nous répondons par des processus de plus en plus rigides.

La donnée surprenante : mes recherches montrent que les organisations les plus adaptatives ne sont pas celles qui ont le moins de processus – mais celles qui permettent explicitement de s’en écarter quand la situation l’exige.

Le piège ultime : quand les outils dictent les processus

La queue qui remue le chien

Le comble de l’absurdité est atteint lorsque nous permettons à nos outils – censés nous servir – de déterminer nos façons de travailler.

C’est le monde à l’envers : au lieu d’adapter les outils à notre travail, nous adaptons notre travail aux outils.

Une anecdote révélatrice : j’ai accompagné une entreprise qui avait complètement restructuré son processus de développement produit pour s’adapter aux contraintes de son nouveau logiciel de gestion de projet. Non pas parce que c’était une meilleure façon de travailler, mais parce que « c’est comme ça que le logiciel fonctionne ».

Le résultat ? Un processus artificiel qui satisfaisait l’outil mais frustrait les équipes et ralentissait l’innovation.

La tendance alarmante : plus nous investissons dans des outils sophistiqués, plus le risque est grand de les laisser dicter nos processus plutôt que l’inverse.

L’observation contre-intuitive : les équipes les plus performantes que j’ai accompagnées utilisent souvent des outils remarquablement simples, mais qu’elles peuvent facilement adapter à leurs besoins réels.

Les signaux d’alerte : votre organisation est-elle en danger ?

Comment savoir si vos processus sont en train de tuer votre organisation ? Voici les cinq symptômes que j’observe systématiquement :

1. Le processus devient une fin en soi

Vos équipes se préoccupent davantage de suivre correctement le processus que de créer de la valeur réelle.

2. Les exceptions deviennent la norme

Vos processus sont tellement déconnectés du travail réel que les exceptions et contournements deviennent monnaie courante.

3. L’innovation s’essouffle

Les nouvelles idées meurent rapidement, étouffées par la phrase fatidique : « Ça ne rentre pas dans notre processus. »

4. Le contexte disparaît des conversations

Les discussions tournent autour de l’application des processus plutôt que de la compréhension des situations spécifiques.

5. Les outils deviennent les maîtres

Vous entendez régulièrement : « On ne peut pas faire ça parce que notre système ne le permet pas. »

Comment libérer votre organisation de la tyrannie des processus

La bonne nouvelle ? Il existe un chemin vers la libération. Voici les trois approches qui ont transformé les organisations que j’accompagne :

1. Renverser la pyramide : du désir aux processus

Commencer par le pourquoi, pas par le comment

Au lieu de commencer par les processus, commencez par créer un désir collectif puissant pour un futur précis. Définissez des objectifs clairs et mesurables qui servent cette vision. Seulement ensuite, concevez les processus comme des moyens au service de cette fin.

La méthode transformative : le « Future Design Workshop » où vous créez collectivement une représentation tangible du futur que vous désirez, avant toute discussion sur les moyens d’y parvenir.

Un exemple concret : une entreprise de services que j’accompagnais passait constamment d’un processus à l’autre sans résultats. En prenant le temps de créer une vision claire et partagée, ils ont complètement transformé leur approche – les processus sont devenus des serviteurs de cette vision, non des fins en soi.

2. Distinguer l’essentiel du contingent

Rendre vos processus adaptatifs

Différenciez clairement dans vos processus :

  • Les principes non négociables (l’essentiel, qui ne change pas)
  • Les pratiques adaptatives (qui peuvent évoluer selon le contexte)

La technique puissante : pour chaque processus majeur, demandez explicitement : « Quelles parties de ce processus doivent être respectées à la lettre, et quelles parties peuvent être adaptées selon le contexte ? »

Un résultat spectaculaire : un groupe industriel a réduit son manuel de procédures de 237 pages à 32 pages en se concentrant sur les principes essentiels plutôt que sur des procédures détaillées. Résultat ? Une meilleure adhésion et, paradoxalement, une plus grande cohérence dans l’exécution.

3. Restaurer l’intelligence de situation

Valoriser le discernement autant que la conformité

Créez explicitement des espaces où l’adaptation intelligente des processus est non seulement permise, mais valorisée.

L’approche révolutionnaire : instaurer un « droit de dérogation responsable » où chacun peut s’écarter du processus standard s’il peut justifier en quoi cela sert mieux l’objectif final.

Un cas transformateur : une institution financière a institué des « revues d’adaptations positives » où les équipes partagent comment elles ont intelligemment adapté les processus standards pour mieux servir les clients. Ces adaptations réussies deviennent ensuite des sources d’amélioration des processus officiels.

Comment démarrer dès demain

Vous êtes convaincu de la nécessité de libérer votre organisation de la tyrannie des processus, mais par où commencer ? Voici trois actions concrètes que vous pouvez mettre en œuvre immédiatement :

Action immédiate #1 : L’audit de valeur des processus

Choisissez un processus important dans votre organisation et posez trois questions simples :

  1. « Quelle valeur ce processus est-il censé créer ? »
  2. « Crée-t-il réellement cette valeur aujourd’hui ? »
  3. « Combien de temps et d’énergie consume-t-il ? »

Cette simple analyse révèle souvent des déconnexions surprenantes entre l’intention originale d’un processus et sa réalité actuelle.

Action immédiate #2 : La séance « Nos processus nous servent-ils ? »

Organisez une discussion franche avec votre équipe autour de trois questions :

  1. « Quels processus nous aident vraiment à créer de la valeur ? »
  2. « Quels processus nous ralentissent ou nous frustrent ? »
  3. « Si nous pouvions repenser un seul processus, lequel choisirions-nous et pourquoi ? »

L’objectif n’est pas de jeter tous les processus, mais d’identifier ceux qui méritent d’être repensés en priorité.

Action immédiate #3 : L’expérience du « processus minimum viable »

Identifiez un domaine où vous pourriez expérimenter une approche plus légère :

  1. Définissez clairement l’objectif et les résultats attendus
  2. Identifiez seulement les principes essentiels à respecter
  3. Laissez les équipes définir elles-mêmes comment elles vont atteindre ces résultats
  4. Évaluez après un temps défini : les résultats sont-ils au rendez-vous ?

Cette expérience contrôlée permet de tester une approche plus minimaliste et adaptative sans risquer de déstabiliser toute l’organisation.

La voie du milieu : ni anarchie, ni bureaucratie

Il ne s’agit pas d’abandonner tous les processus. Ce serait aussi néfaste que de les vénérer aveuglément.

Il s’agit de trouver cette voie du milieu où les processus redeviennent ce qu’ils n’auraient jamais dû cesser d’être : des serviteurs de la création de valeur, non des maîtres qui dictent nos actions.

Les processus, comme les cartes, ne sont pas le territoire. Ils sont des guides, non des diktats. Des moyens, non des fins.

Et vous, êtes-vous prêt à libérer votre organisation de la tyrannie silencieuse des processus qui ont pris le contrôle ?

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CODIR : 7 freins à la prise de décision rapide et 5 solutions concrètes.

Vous la connaissez, cette sensation. Une réunion de comité de direction qui s’éternise. Des discussions qui tournent en rond. Des décisions repoussées à « la prochaine fois ». Et le sentiment frustrant que malgré la présence des meilleurs talents de votre entreprise autour de la table, la capacité collective à trancher semble s’évaporer.

Vous n’êtes pas seul. Après avoir accompagné des dizaines de CODIR dans leur transformation, j’ai identifié les blocages récurrents qui paralysent la prise de décision dans les instances dirigeantes – et surtout, les leviers pour y remédier.

Les 7 freins qui paralysent la prise de décision en CODIR

1. Le syndrome du consensus impossible

Le besoin d’unanimité est le premier tueur de décisions en CODIR. Dans de nombreuses organisations, une décision n’est considérée comme valide que si tous les membres sont parfaitement alignés. Cette recherche d’un consensus parfait devient rapidement une quête impossible qui reporte perpétuellement les choix difficiles.

Ce que j’ai observé : dans un groupe industriel que j’accompagnais, une décision d’investissement stratégique avait été reportée pendant 8 mois – non pas par manque d’information, mais par recherche obsessionnelle d’un accord unanime qui ne venait jamais.

2. La surcharge informationnelle

Les CODIR modernes croulent sous l’information. Rapports détaillés, présentations exhaustives, benchmarks approfondis… Cette abondance, paradoxalement, ralentit la prise de décision plutôt que de l’accélérer. Le cerveau humain, même celui des dirigeants les plus brillants, a une capacité limitée à traiter l’information.

L’effet paralysant : plus nous recevons d’informations contradictoires, plus notre cerveau active les zones associées au doute et à l’indécision. Les neurosciences ont démontré que l’excès d’information stimule notre biais d’aversion à la perte, nous rendant plus conservateurs dans nos choix.

3. La confusion entre débat et décision

De nombreux CODIR excellent dans l’art du débat, mais échouent dans celui de la décision. Les discussions s’éternisent, rebondissent, explorent toutes les nuances possibles – sans jamais converger vers un choix clair.

Le signe révélateur : quand les mêmes arguments reviennent en boucle d’une réunion à l’autre. Le débat est devenu une fin en soi, plutôt qu’un moyen d’éclairer la décision.

4. L’absence de processus décisionnel clair

Étonnamment, beaucoup de CODIR n’ont jamais explicité leur processus de prise de décision. Qui décide vraiment ? Comment ? Selon quels critères ? Dans quel délai ? Cette ambiguïté procédurale est un terreau fertile pour l’indécision chronique.

La question révélatrice : demandez à chaque membre de votre CODIR de décrire votre processus décisionnel. Si vous obtenez autant de réponses différentes que de membres, vous avez identifié une cause majeure de lenteur.

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5. La peur disproportionnée de l’erreur

La culture du risque zéro s’est insidieusement installée dans de nombreux CODIR. L’idée qu’une décision parfaite existe et qu’il faut l’atteindre à tout prix paralyse l’action. Cette peur de l’erreur transforme des décisions ordinaires en enjeux existentiels.

Le paradoxe : en cherchant à éviter toute erreur, on commet la plus coûteuse d’entre elles – ne pas décider à temps.

6. Le manque de cadrage stratégique

Sans boussole stratégique claire, chaque décision devient un débat fondamental. Les CODIR qui n’ont pas établi fermement leurs priorités et leur cadre décisionnel se retrouvent à réinventer leur vision du monde à chaque choix opérationnel.

L’exemple frappant : un CODIR technologique que j’accompagnais passait systématiquement deux heures à débattre de chaque recrutement – non par manque d’informations sur les candidats, mais parce que chaque embauche réactivait des questions fondamentales non résolues sur la direction de l’entreprise.

7. Les dynamiques de pouvoir non adressées

Les enjeux de pouvoir, d’ego et de politique interne existent dans tous les CODIR. Lorsqu’ils restent souterrains et non gérés, ils contaminent le processus décisionnel. Les positions ne sont plus prises sur le fond, mais en fonction des alliances tacites et des rapports de force.

Le symptôme révélateur : des décisions qui semblent inexplicables sur le plan rationnel mais qui deviennent limpides quand on comprend les dynamiques relationnelles sous-jacentes.

5 leviers pour transformer la capacité décisionnelle de votre CODIR

1. Adoptez des processus décisionnels différenciés

Toutes les décisions ne méritent pas le même processus. Catégorisez-les selon leur importance, leur réversibilité et leur urgence :

  • Décisions de type 1 (irréversibles, impact majeur) : processus approfondi, implication large
  • Décisions de type 2 (réversibles, impact moyen) : processus allégé, délégation possible
  • Décisions de type 3 (opérationnelles, impact limité) : délégation systématique hors CODIR

La transformation observée : un CODIR industriel que j’ai accompagné a réduit de 70% le temps consacré aux décisions après avoir implémenté cette catégorisation. Les décisions de type 3, qui accaparaient auparavant 60% du temps, ont été entièrement déléguées.

2. Instaurez le « décider comment décider »

Avant d’aborder un sujet complexe, prenez 5 minutes pour clarifier collectivement :

  • Qui doit être impliqué dans cette décision
  • Quel processus sera utilisé (consensus, consultation, vote, etc.)
  • Quand la décision doit être prise
  • Quels critères guideront le choix

L’impact mesurable : cette pratique simple a permis à un comité de direction que j’accompagnais de réduire de 40% la durée moyenne de traitement des sujets complexes.

3. Limitez drastiquement l’information

Contre-intuitivement, moins d’information conduit souvent à de meilleures décisions. Établissez des règles strictes :

  • Maximum 5 pages de documentation par sujet
  • Identification claire des 3-5 critères de décision essentiels
  • Obligation de formuler des alternatives claires (et pas seulement l’option préférée)

Le changement observé : un CODIR qui avait implémenté ces limites a rapporté une amélioration de 35% de sa satisfaction quant à la qualité des décisions prises.

4. Créez des espaces de divergence structurée

La peur du conflit ralentit considérablement la prise de décision. Instaurez des pratiques délibérées pour rendre la divergence productive :

  • L’avocat du diable tournant : à chaque réunion, un membre différent a la responsabilité explicite de questionner la pensée dominante
  • Les pré-décisions anonymes : chacun écrit sa position avant la discussion pour éviter l’influence sociale
  • L’exploration des futurs alternatifs : « Que se passerait-il si nous prenions chacune de ces décisions ? »

Le résultat constaté : ces techniques ont permis à plusieurs CODIR de transformer des oppositions frontales en explorations constructives, accélérant significativement leur processus décisionnel.

5. Instaurez une culture de la décision imparfaite mais évolutive

Rompez avec le mythe de la décision parfaite en instaurant une approche itérative :

  • Chaque décision importante est associée à des critères d’évaluation et une date de revue
  • Les erreurs sont célébrées comme sources d’apprentissage quand elles sont identifiées rapidement
  • La capacité à ajuster une décision est valorisée autant que la décision initiale

La transformation observée : un CODIR qui avait adopté cette approche a augmenté de 60% le nombre de décisions stratégiques prises en un an, tout en améliorant leur qualité grâce à des ajustements rapides.

Comment mettre ces leviers en pratique dès demain

La transformation de votre processus décisionnel ne nécessite pas un programme de changement massif. Commencez par ces trois actions concrètes :

  1. Lors de votre prochain CODIR, dédiez 30 minutes à analyser vos trois dernières grandes décisions : combien de temps ont-elles pris ? Quels ont été les blocages ? Quels processus avez-vous utilisés ?
  2. Expérimentez la catégorisation des décisions pendant un mois : identifiez clairement les types 1, 2 et 3, et appliquez des processus différenciés.
  3. Instaurez le rituel « décider comment décider » au début de chaque point important de votre ordre du jour.

Ces changements simples peuvent enclencher une transformation profonde de la dynamique décisionnelle de votre équipe dirigeante.

Conclusion : au-delà de la vitesse, l’agilité décisionnelle

L’enjeu n’est pas seulement d’accélérer vos décisions, mais de développer une véritable agilité décisionnelle – cette capacité collective à prendre des décisions adaptées au contexte, avec le bon niveau d’implication, au bon moment.

Dans un monde d’incertitude croissante, cette capacité devient un avantage compétitif majeur. Les organisations qui prennent des décisions de qualité plus rapidement que leurs concurrents créent un avantage cumulatif qui, sur la durée, devient insurmontable.

La bonne nouvelle ? Cette capacité peut être développée méthodiquement. Les blocages qui ralentissent votre CODIR ne sont pas une fatalité – ils sont les symptômes de processus et de dynamiques qui peuvent être transformés.

Alors, par quelle décision allez-vous commencer ?

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Les 8 erreurs fatales que tous les CODIR commettent et comment les éviter

Votre CODIR fonctionne, vos résultats sont corrects, vos décisions semblent cohérentes. Et pourtant…

Après avoir accompagné des dizaines de comités de direction, je constate les mêmes angles morts, encore et encore. Des erreurs stratégiques qui limitent l’impact, freinent l’innovation et, parfois, conduisent lentement l’organisation vers l’obsolescence.

Voici les 8 erreurs fatales que presque tous les CODIR commettent, souvent sans même s’en rendre compte.

1. Ils confondent vision du terrain et visite du terrain

Les CODIR passent parfois quelques heures à « visiter » les opérations, comme des touristes dans leur propre entreprise. Ils appellent ça « être au contact du terrain ».

Cette illusion est dévastatrice. Un tour guidé préparé à l’avance, où chaque interaction est filtrée et scénarisée, n’est rien d’autre qu’un théâtre d’entreprise.

La réalité : Vivre avec le terrain signifie s’immerger dans les conditions réelles, sans filtre. C’est passer une semaine entière à faire le travail d’un opérateur, d’un commercial, d’un service client. C’est recueillir les feedbacks bruts, non les versions polies pour la hiérarchie.

Le correctif : Instaurez un programme où chaque membre du CODIR passe au minimum 3 jours consécutifs par trimestre dans une fonction opérationnelle, sans statut particulier, sans annonce préalable. Le vrai test ? Si vous revenez sans avoir les mains sales, vous n’avez pas vécu le terrain.

2. Ils confondent temps et priorité

« Nous n’avons pas le temps » est le mantra des CODIR inefficaces. Cette phrase révèle une confusion fondamentale : le temps n’est pas le problème – la priorité l’est.

Les mêmes CODIR qui « n’ont pas le temps » pour repenser leur modèle d’affaires trouvent mystérieusement des heures pour des crises qui auraient pu être évitées, des réunions sans impact, ou des discussions interminables sur des détails opérationnels.

La réalité : Vous avez exactement le même temps que vos concurrents les plus innovants. La différence ? Ils ont compris que le temps est un révélateur de priorités, pas une contrainte indépendante.

Le correctif : Analysez vos agendas collectifs sur les trois derniers mois. Calculez le pourcentage de temps consacré à l’avenir vs. au présent/passé. Si moins de 40% de votre temps CODIR est consacré à créer l’avenir, vous êtes en train de gérer votre propre obsolescence.

3. Ils imposent la transformation au lieu de la désirer

Le CODIR moyen traite la transformation comme un projet à imposer aux équipes. « Comment faire accepter le changement ? » est la mauvaise question qu’ils se posent tous.

Cette approche génère automatiquement une résistance, puis entretient l’illusion que « les gens résistent naturellement au changement » – alors que c’est la méthode qui crée la résistance.

La réalité : Les organisations qui se transforment efficacement ne poussent pas le changement – elles créent un futur tellement désirable que les équipes tirent le changement vers elles.

Le correctif : Remplacez votre « plan de transformation » par un « futur désiré co-construit ». La différence ? Le premier est poussé d’en haut, le second est attirant par nature. Un futur que personne ne désire ne se réalisera jamais, quelle que soit la qualité de votre « conduite du changement ».

4. Ils mesurent l’activité plutôt que l’impact

Tableaux de bord surchargés, KPIs multipliés, reportings constants… Les CODIR adorent mesurer. Mais ils mesurent surtout l’activité, rarement l’impact.

Cette confusion est mortelle : une organisation peut être extraordinairement occupée tout en étant parfaitement inefficace.

La réalité : L’hyperactivité est souvent l’ennemi de l’impact. Les organisations les plus performantes ne sont pas celles qui font le plus, mais celles qui font ce qui compte vraiment.

Le correctif : Réduisez drastiquement vos KPIs à maximum 5 indicateurs d’impact par direction. Puis instaurez la règle suivante : pour chaque nouveau KPI ajouté, deux doivent être supprimés. Enfin, exigez que chaque KPI soit directement lié à la valeur créée, pas à l’activité déployée.

5. Ils entretiennent le mythe de l’unanimité

La scène est familière : après un débat en CODIR, le directeur général demande « Tout le monde est d’accord ? » et les têtes acquiescent. Une décision « unanime » vient d’être prise.

Sauf que cette unanimité est fictive. Les désaccords réels sont souvent étouffés par conformisme, par peur de paraître négatif, ou simplement par fatigue.

La réalité : Les meilleures décisions émergent du conflit constructif, pas du consensus artificiel. Les CODIR performants cultivent activement les désaccords, les explorent, les valorisent comme source d’intelligence collective.

Le correctif : Institutionnalisez le rôle d' »avocat du diable » tournant pour chaque décision majeure. Cette personne a l’obligation explicite de contester la pensée dominante, quelle que soit son opinion personnelle. Mieux encore, demandez systématiquement « Qui n’est pas totalement convaincu et pourquoi ? » avant toute décision.

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Ce n’est pas une projection. C’est votre Futur Désiré. Et il est à votre portée.

6. Ils privilégient les solutions aux questions

Les CODIR sont composés d’experts, sélectionnés pour leur capacité à résoudre des problèmes. Malheureusement, cette force devient leur faiblesse : ils se précipitent sur les solutions avant même d’explorer pleinement les questions.

Cette habitude est particulièrement dangereuse dans un monde complexe où les problèmes les plus importants sont souvent mal définis et évolutifs.

La réalité : La qualité d’une solution ne dépasse jamais la qualité de la question qui l’a générée. Les organisations exceptionnelles consacrent 80% de leur énergie à définir les bonnes questions, et seulement 20% à trouver les réponses.

Le correctif : Instaurez la règle du « temps question » : pour chaque problème stratégique, consacrez au moins trois fois plus de temps à explorer et reformuler la question qu’à générer des solutions. Et interdisez formellement les solutions pendant cette phase d’exploration.

7. Ils isolent la stratégie de l’exécution

Dans de nombreux CODIR, la stratégie et l’exécution sont traitées comme deux mondes séparés. La stratégie devient un exercice intellectuel déconnecté des réalités opérationnelles, tandis que l’exécution se transforme en une série d’actions tactiques sans vision d’ensemble.

Cette séparation artificielle crée des stratégies inexécutables et des exécutions sans direction claire.

La réalité : Stratégie et exécution sont les deux faces indissociables d’une même pièce. Les organisations qui excellent intègrent ces dimensions en permanence, dans un flux continu plutôt qu’en séquences distinctes.

Le correctif : Abandonnez le cycle « stratégie puis exécution ». Remplacez-le par des boucles courtes où stratégie et exécution s’informent mutuellement : chaque décision stratégique doit inclure son prototype d’exécution, et chaque retour d’exécution doit alimenter la réflexion stratégique.

8. Ils sous-estiment la puissance de la culture

La plupart des CODIR reconnaissent l’importance de la culture… en théorie. Mais dans la pratique, ils la traitent comme un sujet secondaire, souvent délégué aux RH, pendant qu’ils se concentrent sur des sujets « plus sérieux » comme la stratégie ou les finances.

Cette erreur est peut-être la plus coûteuse de toutes. Car une culture inadaptée dévorera votre stratégie au petit-déjeuner, peu importe sa brillance.

La réalité : La culture n’est pas un département ou un projet – c’est le système d’exploitation invisible qui fait fonctionner votre organisation. Elle détermine quelles stratégies peuvent réussir, quelles innovations peuvent émerger, et quelle performance peut être atteinte.

Le correctif : Consacrez au moins 25% du temps CODIR à la culture organisationnelle. Pas sous forme de discussions théoriques, mais en examinant concrètement trois questions : Quels comportements récompensons-nous réellement (pas ceux que nous prétendons valoriser) ? Quelles histoires sont racontées dans l’organisation ? Quelles sont les règles non-écrites que tout le monde connaît mais dont personne ne parle ?

En conclusion : le courage de voir la vérité

Ces erreurs ne persistent pas par manque d’intelligence ou de compétence. Elles persistent parce qu’elles sont confortables. Elles permettent de maintenir l’illusion du contrôle, de la certitude, de la maîtrise.

Les CODIR exceptionnels se distinguent par une qualité rare : le courage de voir la réalité telle qu’elle est, pas telle qu’ils voudraient qu’elle soit. Ce courage est la première étape pour transformer ces erreurs en opportunités d’évolution.

Alors, combien de ces erreurs reconnaissez-vous dans votre CODIR ? Et plus important encore, laquelle allez-vous commencer à corriger dès demain ?


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Le syndrome du CODIR omniscient : quand votre intelligence collective s’arrête au 7ème étage

J’observe souvent ce phénomène fascinant : plus on monte dans les étages d’une organisation, plus l’intelligence semble se concentrer. Comme si, par magie, le fait d’atteindre le 7ème étage d’un immeuble de bureaux conférait une omniscience soudaine.

Cette illusion d’omniscience du CODIR est un poison pour l’intelligence collective. Elle crée une séparation artificielle entre « ceux qui savent » en haut et « ceux qui exécutent » en bas. Une division mortelle pour l’innovation, l’engagement et la performance réelle.

Le scénario est toujours le même. Le CODIR se réunit dans sa tour d’ivoire, convaincu de sa capacité à voir plus loin, à comprendre mieux, à décider plus sagement que le reste de l’organisation. Les décisions tombent d’en haut, comme la pluie sur des terres qui n’ont rien demandé.

Cette croyance en l’omniscience du CODIR repose sur un malentendu fondamental : confondre position hiérarchique et intelligence collective. Comme si le fait d’être nommé directeur augmentait magiquement notre capacité à comprendre la complexité du monde.

La réalité est tout autre. L’intelligence d’une organisation ne se concentre pas au sommet – elle est distribuée dans tout le système. Le commercial qui parle aux clients chaque jour, l’opérateur qui fait tourner les machines, le développeur qui code les solutions… Chacun détient une partie de l’intelligence collective.

Mais alors, comment sortir de ce syndrome ? La première étape est une prise de conscience. Le CODIR doit accepter qu’il ne sait pas tout, qu’il ne peut pas tout voir, tout comprendre, tout décider. Cette vulnérabilité n’est pas une faiblesse – c’est le début de la sagesse collective.

La deuxième étape est d’apprendre à écouter. Pas juste entendre les rapports et les présentations, mais vraiment écouter. Écouter les signaux faibles, les intuitions du terrain, les idées qui émergent des endroits les plus inattendus.

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Ce n’est pas une projection. C’est votre Futur Désiré. Et il est à votre portée.

La troisième étape est de créer les conditions pour que l’intelligence collective puisse circuler librement dans toute l’organisation. Cela signifie briser les silos, ouvrir les espaces de dialogue, permettre aux idées de monter aussi facilement qu’elles descendent.

Le vrai rôle du CODIR n’est pas d’être omniscient. C’est de créer les conditions pour que l’intelligence collective puisse s’exprimer pleinement. C’est d’être le jardinier plutôt que l’architecte, le facilitateur plutôt que le décideur omnipotent.

Il y a une beauté profonde dans cette transformation. Quand un CODIR accepte de descendre de sa tour d’ivoire, quelque chose de magique se produit. L’organisation commence à respirer différemment. Les idées circulent plus librement. L’innovation émerge naturellement.

Ce n’est pas facile. Abandonner l’illusion de l’omniscience demande du courage. Ça demande d’accepter sa vulnérabilité, de reconnaître qu’on ne sait pas tout, qu’on a besoin des autres. Mais c’est dans cette vulnérabilité que réside la vraie force d’une organisation.

J’ai vu des CODIR faire cette transformation. Passer de l’illusion de l’omniscience à la pratique de l’intelligence collective. Le changement est profond. L’énergie est différente. Les décisions sont plus riches, plus ancrées dans la réalité du terrain.

L’intelligence collective n’est pas une question d’étage. Elle ne s’arrête pas au 7ème, ni ne commence au rez-de-chaussée. Elle est partout, tout le temps, attendant juste d’être libérée.

La question n’est plus « Comment le CODIR peut-il tout savoir ? » mais « Comment pouvons-nous libérer l’intelligence collective à tous les niveaux de l’organisation ? »

La prochaine fois que vous vous asseyez en salle de CODIR, posez-vous cette question : suis-je en train de prétendre tout savoir, ou suis-je en train de créer les conditions pour que l’intelligence collective puisse s’exprimer ?

Le syndrome du CODIR omniscient n’est pas une fatalité. C’est un choix. Et il est temps de choisir différemment.