Quand les dirigeants ne tirent plus la corde dans le même sens
Une entreprise, ça ne se désaligne pas en une nuit. C’est plus insidieux que ça. Un agenda annulé, un non-dit en réunion, une réunion de direction où on joue la montre… Et petit à petit, les tensions s’installent.
Pas de conflit frontal. Juste une érosion progressive de la cohésion.
Et avec elle, une perte de vitesse.
Dans de nombreuses entreprises que j’accompagne, le même schéma revient : chaque membre du comité de direction agit avec les meilleures intentions, mais sans direction réellement partagée. Ce ne sont pas les compétences qui manquent. C’est le cap commun. Le récit fédérateur. Ce “pourquoi” qui fait que chacun dépasse sa fonction, son agenda, ses peurs.
Et ça, ça ne se décrète pas.
Pourquoi une équipe dirigeante alignée change tout
Avant même de penser stratégie, transformation, ou plan d’actions, il faut répondre à une seule question : est-ce qu’on tire tous dans le même sens ?
Pas sur le papier. Pas dans la plaquette.
Dans le réel.
Quand les décisions s’accumulent. Quand les tensions remontent. Quand les arbitrages sont douloureux.
Un comité de direction aligné, c’est une organisation qui :
- prend des décisions plus vite,
- reste lisible en interne,
- donne le ton au reste de l’entreprise,
- et garde son cap même dans la tempête.
À l’inverse : une équipe dirigeante désunie crée un climat de flou, de défiance, d’inertie. La vision devient un PowerPoint. La stratégie se décompose en priorités concurrentes. Les managers intermédiaires prennent des coups. Et les collaborateurs observent sans comprendre.
Les symptômes qui ne trompent pas
Voici quelques signaux faibles (ou forts) que je rencontre souvent :
- Les réunions CODIR tournent à vide, chacun reste sur son quant-à-soi.
- Les sujets de fond sont évités. On fait “tour de table”, mais rien ne se décide vraiment.
- Les messages envoyés aux équipes sont contradictoires. Parfois dans la même semaine.
- Les décisions prises collectivement sont rediscutées en bilatérale, voire contournées.
- Certains membres se replient dans leur silo ou agissent de manière opportuniste.
Vous vous reconnaissez ? C’est normal. C’est humain. Mais ce n’est pas durable.
Une vision commune ne sort pas d’un chapeau
Ce qu’on appelle “vision” dans une entreprise est souvent confondu avec :
- une ambition marketing (“devenir leader de…”),
- un objectif financier (“x% de croissance à 3 ans”),
- ou une phrase inspirante issue d’un séminaire (“oser l’audace collaborative”).
Tout ça, c’est utile.
Mais une vision commune, une vraie, c’est autre chose :
C’est un cap formulé ensemble, à hauteur d’humain, à partir du réel, qui relie les intentions profondes, les enjeux concrets, et l’histoire que l’équipe veut écrire.
Et cette vision ne sert à rien si elle reste entre dirigeants.
Elle doit s’incarner collectivement, à travers les postures, les décisions, les choix du quotidien.
Ressouder un CODIR, ce n’est pas « faire une pause »
On me dit souvent : “on va organiser un séminaire pour souffler un peu”.
Non. Ressouder un comité de direction, ce n’est pas une parenthèse.
C’est un acte stratégique, assumé, structurant.
Ce n’est pas une parenthèse conviviale.
C’est une prise de responsabilité collective, pour remettre du sens, du lien et du souffle.
Comment ressouder concrètement une équipe de direction ?
Voici 5 ingrédients que j’utilise dans mes accompagnements de dirigeants :
1. Faire le point sur l’alignement réel
Ce que chacun comprend, ce que chacun porte, ce qui dérange, ce qui n’est plus dit.
Un bon exercice ? Chacun écrit (sans se concerter) ce qu’il pense être la priorité actuelle de l’entreprise. On compare. Le choc est parfois brutal. Mais il permet de partir du réel.
2. Mettre les tensions sur la table
Pas pour les régler tout de suite. Mais pour oser les regarder.
Chaque tension non verbalisée devient un poison lent. C’est souvent dans la confrontation bienveillante que renaît la confiance.
3. Reformuler un cap clair et mobilisateur
Pas un slogan. Une phrase qu’on puisse se répéter dans les moments difficiles.
Quel cap commun partage-t-on ? Qu’a-t-on envie de réussir ensemble, à titre collectif et personnel ? C’est là que naît l’engagement.
4. Décider ensemble comment fonctionner
On ne change pas une vision sans changer les règles du jeu.
Qu’est-ce qu’on veut garder ? Changer ? Réinventer dans nos interactions ? Dans nos réunions ? Dans notre manière de décider ?
5. Donner un rôle à chacun dans le récit
La vision partagée ne doit pas rester dans la tête du DG.
Chacun doit prendre la parole, incarner une partie du récit. Non pas à l’identique, mais avec ses mots, son style. C’est la diversité des voix qui crédibilise le cap.
Ressouder, c’est aussi désapprendre
Parfois, ressouder une équipe de direction, c’est accepter de désapprendre ce qui faisait tenir jusque-là :
- Arrêter de surinvestir le contrôle.
- Sortir de la réunionite défensive.
- Lâcher les postures de sachants.
- Reconnaître les vulnérabilités du système.
Il ne s’agit pas de devenir “gentils”. Il s’agit d’être stratégiquement alignés, opérationnellement synchrones, et humainement lisibles.
Et après ?
Ressouder, ce n’est pas “se réconcilier”.
Ce n’est pas mettre un pansement.
C’est ouvrir un nouveau chapitre, ensemble.
Et ce chapitre commence souvent par une question :
“Dans deux ans, qu’est-ce qui nous fera dire qu’on a réussi en tant qu’équipe de direction ?”
À retenir (et à partager en CODIR)
- Une équipe de direction désalignée finit par désaligner toute l’entreprise.
- Ressouder, c’est un acte stratégique, pas un moment convivial.
- Le cap commun doit émerger du réel, pas d’une agence de com’.
- Sans vision claire et partagée, chaque décision devient une bataille.
- L’intelligence collective commence par le haut.

Et si votre équipe de direction reprenait un vrai cap commun ?
Vous sentez que les réunions de direction tournent en rond ?
Que chacun avance avec de bonnes intentions… mais sans cap partagé ?
Et si c’était justement le bon moment pour ressouder le collectif et remettre du sens là où tout se fragmente ?
Je vous propose un échange de 30 minutes, sans engagement, pour faire le point.
On parlera de vos dynamiques actuelles, des signaux faibles que vous percevez, et de ce qu’il est possible de réaligner — sans faux-semblants, mais avec clarté, méthode et exigence humaine.
À l’issue de cet échange, je vous transmettrai un plan d’action sur-mesure, pour faire de votre comité de direction un véritable levier d’alignement, de cohérence et de transformation.
Parce qu’en 2025, une entreprise ne tient plus par ses process.
Elle tient par la force de son collectif dirigeant.